COUDRIER

Contexte

Le Grand Site de France (GSF) Bibracte – Morvan des Sommets, composé de douze communes rurales, est un lieu d’expérimentation territorial de la transition écologique mobilisant les habitants, élus et acteurs du territoire ainsi que la communauté scientifique. 

Plusieurs sécheresses répétées ont fragilisé cet espace et ont révélé les conflits d’usage entre les différents acteurs sociaux autour de la ressource en eau. Par ailleurs, les données scientifiques à l’échelle du Haut-Morvan sont fragmentaires et restent difficilement appropriables pour les besoins de la gestion locale.

Le projet de recherche participative COUDRIER (ANR-23-SSRP-0006–02), financé par l’Agence nationale de la recherche de 2023 à 2025, vise à impliquer l’ensemble des parties prenantes (scientifiques, autorités, associations syndicales, acteurs économiques, habitants) afin de renforcer leurs capacités dans la compréhension des enjeux liés à la ressource en eau, dans un contexte de risque avéré de pénurie. Conçu dans l’esprit de la « gouvernance transformative » (IPBES, GIEC), ce projet vise à sensibiliser les acteurs à l’importance de ces enjeux et à créer des espaces de dialogue à même de faciliter l’identification de modalités de gestion durable. 

COUDRIER associe très étroitement, sur le terrain, sciences de la nature, sciences humaines et savoirs populaires (c’est-à-dire une culture locale) dans une interdisciplinarité « radicale », non limitée au milieu académique.

La dimension culturelle est ancrée dans les approches complémentaires des partenaires : l’approche paysagère, l’archéologie et la micro-histoire (Bibracte), l’approche artistique de la médiation arts-science-habitants (association Chemins) et l’approche par le patrimoine culturel immatériel et les droits culturels (MPOB).

Les partenaires du projet sont :

• Laboratoire BIOGEOSCIENCES de l’Université de Bourgogne (coordinateur du projet)
• Maison du Patrimoine oral de Bourgogne (MPOB)
• Unité MoSaic (Méthodes et Outils pour les Sciences Participatives) (Sorbonne Université – Muséum national d’Histoire naturelle)
• BIBRACTE EPCC
• Institut des Sciences de la Terre d’Orléans (BRGM – CNRS – université d’Orléans)
• Laboratoire de Géographie Physique : Environnements quaternaires et actuels (CNRS – universités Paris 1 et Paris 4)
• Laboratoire Archéorient (CNRS – Université Lyon 2)
• Association Chemins

Les objectifs du projet de recherche participative

COUDRIER met en dialogue les acteurs scientifiques (réunis autour du laboratoire BioGéoSciences) et les acteurs territoriaux (fédérés par Bibracte EPCC, la Maison du Patrimoine oral de Bourgogne et l’association Chemins) pour réaliser une recherche participative. 

Le but est de co-produire des connaissances qui permettent de renforcer la capacité des habitants et des acteurs locaux à penser la gestion de l’eau sur le temps long, dans un contexte de pénurie d’eau, à travers une approche des communs. 

Les participants sont amenés à analyser ensemble le cycle local de l’eau et ses singularités sur ce terrain de moyenne montagne à la charnière des bassins versants de l’Yonne-Seine et de la Loire. Le projet articule les règles du monde académique (protocoles, reproductibilité, réfutabilité) et la valeur des savoirs d’expérience des occupants du territoire (récits, situations, actions) en contrepoint des données calculables. Il associe les sciences physiques (mesures géohydrologiques, simulations hydroclimatiques, traces géomorphologiques) et les sciences humaines (enquêtes ethnologiques, géoarchéologie) aux savoirs vernaculaires pour faire émerger collectivement des pistes de gestion durable et de meilleure gouvernance de la ressource, à partir de protocoles de type Living Lab.

Il s’agit de tester ce dispositif de coproduction des connaissances sur un territoire donné : dans un contexte de changement climatique et institutionnel, de quelles manières ce dispositif peut-il amener les habitants et acteurs locaux à agir et à co-construire – ou à renforcer – leurs propres règles de gestion de la ressource en eau en rapport avec les spécificités de leur territoire ?

Les données et connaissances produites seront compilées et discutées sur une plateforme « sociale » développée par MoSaic ; les données hydrologiques et géomorphologiques de terrain nourriront une cartographie et une analyse du contexte hydrique actuel, renforcé par les projections hydroclimatiques ; les savoirs non académiques décrits et spécifiés avec les occupants du territoire par la Maison du Patrimoine oral de Bourgogne seront restitués lors d’ateliers collectifs à destination des habitants ; l’ensemble de ces connaissances nouvelles sera discuté lors d’ateliers de discussion critique, d’idéation et de synthèse. La documentation de l’ensemble du processus de recherche doit permettre aux acteurs locaux de continuer le processus de dialogue et de recherche après la fin du projet COUDRIER. 

Les résultats attendus du projet sont de deux ordres : 

• la publication de documents et d’articles décrivant les protocoles de mise en œuvre de la démarche de co-recherche, ainsi que son évaluation et ses résultats face au risque de sécheresses répétées ; 
• la pérennisation d’un format de dialogue entre tous les acteurs leur permettant de travailler dans la durée, malgré des divergences de point de vue et de positionnement, afin de favoriser des actions concrètes de gestion de l’eau à moyen terme.

Modalités de participation

Un premier temps d’écoute du terrain a permis de poser le cadre de recherche et d’identifier les intérêts communs entre les chercheurs, les usagers, les gestionnaires et les habitants du GSF, intérêts  qui fondent la dimension participative de la recherche.

L’enquête ethnologique menée par la Maison du Patrimoine oral de Bourgogne vise à décrire et spécifier les savoirs pragmatiques et non-scientifiques des micro-communautés d’habitants, à l’échelle des hameaux, qui prennent en charge l’alimentation en eau potable (environ un quart des captages) sous couvert du cadre juridique original des associations syndicales libres (ASL). 

Plusieurs ateliers avec les usagers, les gestionnaires, les habitants du GSF et les scientifiques vont être mis en place pour croiser les savoirs expérientiels et données scientifiques et débattre. Les formats de participation sont adaptés selon les contextes, disciplines et localités (cartographie participative, explorations…). Lors de ces ateliers, des protocoles de collecte de données (suivi hydrologique, redécouvertes de traces d’usages de l’eau dans le passé via une carte Lidar) seront coconstruits pour que les habitants puissent les réaliser de manière autonome.

Phase de restitution : ateliers avec l’ensemble des actrices et acteurs pour discuter des résultats du projet et les manières de les restituer aux acteurs et habitants du territoire.