Objectifs
Création de nouvelles pratiques thérapeutiques pour faire face à la nocivité de la surexposition aux écrans fondées sur le partage de savoirs, savoir-faire et la participation active des parents dans le soin, accompagnés des chercheurs et des professionnels du soin et de la petite enfance.
Actions concrètes
Ateliers de partages entre parents pour retrouver un usage positif des écrans, partager des astuces et créer de nouvelles pratiques en questionnant, analysant et échangeant sur l’impact de l’exposition aux écrans des enfants et des pratiques numériques avec les professionnels et chercheurs.
Description du projet
Objectifs
Les études scientifiques, notamment internationales, démontrent les effets très toxiques de la surexposition des très jeunes enfants (0–3 ans) aux écrans (smartphones, tablettes, ordinateurs, télévision). Elle perturbe la relation parent-enfant (absence de disponibilité des parents absorbés par leur smartphone) or cette relation joue un rôle essentiel dans les apprentissages. On observe des retards de langage, de la motricité et troubles du comportement chez les enfants surexposés. Elle entraine une perte d’expériences des enfants dans le monde sensible, or ces expériences, basées sur l’exercice de leurs cinq sens, sont fondamentales pour leur développement. Elle entrave, également, le développement de l’attention profonde, indispensable aux apprentissages et aux relations avec autrui.
La surexposition aux écrans touche de très nombreuses familles, de tous les milieux sociaux, par manque de connaissances, par praticité et temps de pause que semble offrir le fait de placer son enfant devant un écran. Elle semble particulièrement répandue dans les milieux les plus défavorisés, très présents en Seine-Saint-Denis, du fait de plusieurs facteurs :
- Vivant dans des espaces plus contraints, le recours aux écrans permet parfois d’« occuper sans bruit » les enfants.
- Beaucoup de familles sont monoparentales, et gérer l’ensemble des tâches (école, ménage, soins, repas…) passe parfois par occuper son enfant avec un écran.
Pour répondre de façon innovante à ce problème de santé publique trop peu (re)connu, l’IRI a créé depuis novembre 2019 la clinique contributive, un dispositif expérimental mis en œuvre dans et avec l’équipe des professionnelles du centre de PMI (protection maternelle et infantile) Pierre Sémard, à Saint-Denis. L’objectif est de développer de nouvelles pratiques et organisations contributives du soin pour la petite enfance.
La démarche de la Clinique contributive articule deux démarches :
- Une démarche provenant de la recherche contributive, qui articule la recherche fondamentale aux problèmes concrets rencontrés par les habitants d’un territoire, qui deviennent ainsi eux-mêmes chercheurs en participant activement à l’évolution des disciplines théoriques et des pratiques professionnelles existantes. Cette démarche vise notamment à accélérer la réponse de la société face à la rapidité des changements techniques.
- Une démarche inspirée de la psychothérapie institutionnelle et des groupes d’entraide mutuelle, selon lesquels le patient se soigne en prenant soin de l’institution et des autres patients, devenant ainsi lui-même soignant.
Ce dispositif expérimental se fonde sur la production et le partage de savoirs (savoir-faire, savoir-vivre, savoirs théoriques et/ou techniques), la capacitation des parents et des professionnels, la mise en situation des parents comme acteurs de leurs apprentissages (réalisation d’œuvres, partage d’expériences, recherche collective de pistes de solutions, etc.) et la pratique d’activités collectives (jardinage, jeux, conférences, groupes de paroles, etc.).
Modalités de participation au projet
Ateliers de partages de savoirs pour questionner, analyser et échanger sur l’impact de l’exposition aux écrans des enfants et des pratiques numériques en collaboration avec les professionnels et chercheurs pour retrouver un usage positif des écrans et créer de nouvelles pratiques.
Les parents participant à la clinique contributive deviennent « soignants » et « chercheurs » :
- Ils partagent entre eux leurs savoirs (savoirs numériques, pratiques des outils numériques, savoirs éducatifs, pratiques d’habitation, de soin), qui sont autant de manière de prendre soin de soi et des autres en prenant soin d’un milieu commun.
- Ils conçoivent et mettent en œuvre de nouvelles thérapeutiques permettant de faire face aux enjeux de la surexposition aux écrans, en étroite coopération avec les chercheurs et les professionnels.
Une fois encapacités sur les enjeux des écrans et des jeunes enfants, et après avoir élaboré et expérimenté collectivement de nouvelles pratiques soigneuses, certains parents deviennent des « ambassadeurs » de leurs nouveaux savoirs. Ils les partagent avec d’autres parents, lors d’ateliers mis en place dans les PMI, les crèches, les maternités ou lors de rencontres publiques organisées par les municipalités, ce qui permet à ces nouvelles thérapeutiques de se diffuser sur le territoire et de se voir discutées, transformées, enrichies par d’autres habitants (parents, professionnels, entreprises, associations).
A ce titre, un projet a émergé de tout le travail à la clinique contributive : les formations « Raisonnons nos écrans » financées par la MIDELCA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les pratiques addictives), qui ont lieu sur 9 demi-journées pour 4 groupes d’une quinzaine d’habitants de la Seine Saint-Denis (professionnels de santé, métiers de la petite enfance, et parents). Voir le site ici : https://tac93.fr/capacitation/clinique
Résultats
Un livre : Marie-Claude Bossière, Le bébé au temps du numérique, L’humanité au risque des disrupteurs relationnels, Hermann, 2021.
Un livret à destination des professionnels de santé (pour le transmettre aux parents) est en cours de rédaction avec la mairie de Saint-Denis et un groupe de professionnels et de mères de familles.
Une œuvre d’art avec les professionnelles de la PMI Pierre Sémard et l’artiste Glenn Loughran (Dublin) est en cours de réalisation à la PMI.
Les parents mettent en œuvre des actions en autonomie comme des café de parents par exemple dans des écoles, ou des conférences pour sensibiliser d’autres habitants sur ces questions.
La participation
Formation nécessaire
Aucune formation n’est nécessaire.
Les co-responsables
membre actif
Vincent Puig
Directeur
IRI